Voici un article que j'ai trouvé sur TH
Le journaliste les casse du début jusqu'a la fin.
On nous avait prévenu mais, en vétéran des concerts de rock, on n'y a pas cru: BOULES QUIES OBLIGATOIRES! Non que les Tokio Hotel jouent plus fort que la moyenne des groupes de hard-rock: ce sont leurs fans qui font le plus de bruit.
C'est donc un concert de hurlements (schrei, en allemand dans le texte) que l'on a assisté, impuissants et bientôt sourd, le 16 Octobre dernier à Bercy. Le groupe phénomène y donnait le troisième show de sa tournée en France, qui passe dimanche et lundi par Nice et Toulon. Une heure trente de cris suraigus et de trépignement hystériques avec, en fond (à peine) sonore, le grondement d'un gros hard rock teuton aux élans lyriques et romantiques. Le tout servi par un quatuor de gamins au look de héros de mangas ou de fans de skate. Un vrai bonheur.
Depuis la folie des boys band (remember 2 be 3?), on n'avait plus constaté pareille ferveur paroxystique chez les pré-adolescentes de 10-14 ans qui composent 99,99% du public de Tokio Hotel. Les marchands de produits dérivés se frottent les mains (tee shirts, casquettes, sacs, trousses... Vu l'âge moyen du public, on est étonné de ne pas trouver de biberons ou de sucettes Tokio Hotel sur les stands de merchandising), la maison de disques (Polydor Universal), en plein marasme des ventes de CD, reprend foi en Dieu (plus de 500 000 albums vendus rien qu'en France), la presse ado, agonisante, repart sur des courbes de vente de +30%, les producteurs de concerts sont aux anges (90 000 billets vendus en 72 heures, pour leur tournée française qui affiche complet presque partout (sauf à Nice et à Toulon)... Jusqu'aux profs de collèges qui n'en reviennent pas de constater une augmentation spectaculaire des inscriptions en "allemand deuxième langue".
Tout ça, par la grâce d'un groupe de gamins de la banlieue de Leipzig (Magdebourg), qui pratiquent un rock gothique des plus basiques, s'habillent comme les gamins de leur âge (n'importe comment) et ne s'expriment qu'en allemand. Wunderbar !
Saga
Leur jeune saga est déjà légendaire: à 12 ans, Bill et Tom Kaulitz, les jumeaux nés le 1er Septembre 1989, rencontrent Georg Listing et Gustav Schäfer à un concert (de Dorothée?) et forment le groupe Devilish (Démoniaque). Bill au chant, Tom à la guitare, Georg à la basse et Gustav à la batterie. Deux ans plus tard, leur chanteur au look androgyne est remarqué par un producteur, Peter Hoffman, alors qu'il participe à Star Search, l'équivalent local de la Nouvelle Star. Avec trois autres requins de studio, Hoffman va prendre en main les destinées du groupe qui, entre temps, s'est rebaptisé Tokio Hotel, pour faire plus manga. L'expérience des boys band conduit les producteurs à laisser la bride sur le cou de leurs poulains pour ce qui est du look et des paroles des chansons (poésie romantique, divorce et malaise adolescent), mais à leur composer des musiques taillées à leur mesure: un hard rock mélodique pas trop dur à jouer, ni à chanter, avec des refrains fédérateurs.
Car, au contraire de leurs prédécesseurs boys band, les Tokio Hotel sont un vrai groupe et jouent "pour de vrai". Pas trop mal d'ailleurs, à ce qu'on a pu en juger à Bercy malgré les hurlements, en regrettant amèrement de ne pas avoir investi 10€ dans les réducteurs de bruit en caoutchouc distribués à l'entrée avec le programme.
Bac allemand
Tom (dreadlocks, casquette, Tee shirt XXL, et baggies de skater) dirige l'affaire à grand renfort de riffs pré-neanderthaliens et de pédales d'effets, guitare aux genoux et pied posé sur les retours comme un Slash bonzaï. Bill (look manga de Liz Taylor anorexique), essaie de plaquer sa voix fluette sur ce boucan infernal, sourie tout le temps, remercie en français, parle en allemand, prend la pose et n'oublie jamais de revenir dans le souffle du ventilateur pour faire gonfler sa coiffure O'Cedar. Georg, cheveux filasses et look d'ado buveur de bières, fait gronder sa basse comme il le ferait dans n'importe quel groupe de bar. Gustav bat la mesure avec la ferveur métronomique d'un ado caractériel massacrant la Game Cube de son petit frère à coups de batte de base ball...
Le show, écrans géants, lumières et scène à étages avec avancée dans le public, est digne des plus grandes formations d'adultes. La différence, finalement, c'est le public, presque entièrement constitué, on l'a dit, de gamines de 10-14 ans, accompagnées de parents accablés ou de grands soeurs/grands frères affichant l'air blasé de circonstance.
A contempler, des hauteurs de Bercy, la confrontation vertigineuse entre ce groupe de pré-adultes déjà millionnaires en euros et son public de petites filles extatiques, laisse perplexe. La question qui vient à l'esprit c'est: qui se lassera le plus tôt de l'autre? Et, que restera-t-il dans cinq ans de l'épopée Tokio Hotel? Pas grand chose probablement. Au mieux, quelques bac allemand surnuméraires...
Wunderbar!
par PHILIPPE DUPUY